Quel a été votre parcours ?
J’ai dit à mes parents que je voulais arrêter mes études et partir en apprentissage pour apprendre la céramique. J’ai d’abord fait un premier apprentissage de façonnier industriel (tout ce qui est fait par des machines que l’on retrouve en supermarché maintenant (vaisselle) ainsi que toilettes, lavabos, bacs à douche etc…
Ce procédé de fabrication ne m’a pas vraiment captivé surtout que quand j’allais en alternance dans le centre de formation (Longchamp à côté de Dijon) je voyais des gens qui apprenaient à tourner des pots et c’est à ce moment là que le déclic est arrivé. J’ai alors fini ce premier apprentissage qui se déroulait en Dordogne mais qui m’a malgré tout apporté beaucoup de connaissances sur la technologie céramique.
J’ai ensuite cherché un autre maître d’apprentissage pour apprendre à tourner. Chose faite dans la Drôme (Cliousclat chez les frères Sourdives, une fabrique de poterie utilitaire et de jardin en terre vernissée cuite au bois) dans un petit village de potiers. Le centre de formation était à Saint Amand en Puisaye qui lui était un gros village de potiers de grès. Apprentissage très dur mais très bonne école de la vie. Mon maître d’apprentissage m’a d’abord dit pendant 15 jours. « Assis toi et regarde ».
Pendant les 6 premiers mois toutes les pièces que je produisais étaient coupées en deux pour voir la répartition de l’argile puis jetées au recyclage. Mais avant de pouvoir tourner je devais lui préparer son argile pour sa journée et nettoyer son poste de travail tous les soirs. J’avais 20 ans, j’étais loin de chez moi, c’était très dur. Il a vraiment fallu s’accrocher. Au bout de 6 mois, il a commencé à garder une pièce, au bout de 15 jours, 3 pièces, puis 10, puis 20, jusqu’à une planche entière. Et c’était parti pendant 2 ans. Je suis ensuite resté 3 ans de plus dans cet atelier 3ans où je ne faisais que tourner des pots toute la journée. J’y ai appris la régularité et la rigueur… et la cuisson au bois avec un cuiseur qui devait avoir environ 45 ans à l’époque et qui avait commencé à 14 ans.
J’ai eu alors envie d’aller voir autre chose, je suis allé chez Suzy Atkins dans le Cantal, potière mondialement reconnu car elle a été une des pionnières à mettre de l’or sur ses pièces (si vous avez la curiosité d’aller voir ce qu’elle fait vous verrez). Suzy qui fait du grès au sel m’a alors pris sous son aile, une relation très fusionnelle s’est de suite installé entre elle et moi . Elle est devenue ma maman de poterie. Elle m’a aussi enseigné la rigueur et la décoration. C’était extraordinaire. Grâce à elle j’ai pu partir enseigner 6 mois le tournage en Irlande. Et puis après je suis parti travailler dans quelques autres ateliers ponctuellement.
Comment êtes vous arrivé en Creuse ?
Et un jour, j’étais venu passer quelques jours en Creuse chez mon frère qui habite Bussière Dunoise, inconditionnel de la radio France Bleu Creuse on a entendu une émission avec Monsieur Pierre Veysseix qui cherchait des animateurs à la tuilerie de Pouligny.
J’ai appelé, je suis tombé sur Brigitte qui m’a donné ses coordonnées. J’ai appelé Pierre et vous connaissez la suite… me voici là pour vous accueillir !
Pouvez vous nous dire ce qui définit votre philosophie de vie ?
« Ma philosophie est que ce savoir artisanal, il faut le montrer, l’expliquer et surtout le transmettre.
Donc partage et transmission. »