Francis Chigot, l’illuminateur de nos églises

Le granite est omniprésent en Creuse. Il est sol, maisons, murets, ponts, châteaux, églises et statues… Gris, bleu, beige ou même rosé, il est composé de quartz, de feldspath et de micas qui le fait scintiller au soleil ! Avec lui, nos bâtiments prennent des allures massives et quasiment indestructibles. La légèreté, la fragilité et la lumière viennent de ces baies colorées, les vitraux. Ils racontent des histoires et égayent les édifices. Le soleil joue avec et dépose au sol des éclats jaunes, rouges ou bleus, comme autant de confettis colorés.

Les églises et chapelles de Creuse regorgent de trésors. Les sculptures et tableaux y sont omniprésents et attirent bien souvent toute notre attention. Certains vitraux se démarquent pourtant par les scènes qu’ils représentent, leur facture, leurs couleurs. Nous vous proposons de regarder plus attentivement ces œuvres et notamment celles du Maître Verrier qui a créé pendant plus de 50 années en Limousin et très largement en Creuse, Francis Chigot.

Originaire de Saint Léonard de Noblat (il naît à Limoges en 1879), Francis Chigot épouse une creusoise et tisse des liens très forts avec notre département. Après ses études, et la reprise de l’entreprise familiale de papiers peints à Limoges, il se lance finalement dans sa passion, le vitrail, en ouvrant son propre atelier.

C’est alors la grande époque de l‘Art Nouveau. Pour se faire connaître, il participe à des salons et expositions en France et bien au-delà. De nombreux plafonds vitrés et baies d’escaliers lui sont alors commandés (casino de Vichy…). En 1917, il restaure le remarquable vitrail « L’Arbre de Jessé » de 1522 de la Chapelle Notre Dame de la Borne (commune de Saint Michel de Veisse). Il s’agit là de son premier contrat avec les Monuments Historiques. La qualité de sa restauration est saluée par tous et marque le début d’une longue série.

 

Avec les années 20 arrive « l’Art Déco ». Les lignes sont plus stylisées, les couleurs moins tranchées, les verres moins lisses et unis. La mode passe dans les maisons particulières mais les bâtiments publics sont toujours demandeurs (gare des Bénédictins, Banque de France de Limoges…).

Parallèlement, grâce à une exposition permanente à Montréal, Chigot et ses collaborateurs décrochent des marchés au Canada (Basilique ND de Montléal…). Mais son travail est toujours aussi intense en France, notamment dans les églises qui voient leurs baies s’habiller de vitraux modernes.

Une série de vitraux dans les églises de Creuse débute avant la seconde guerre mondiale et s’étale jusqu’à la fin des années 50 (Saint Michel de Veisse, Soubrebost, Ars, Saint Hilaire le Château…). Encore une fois, Chigot a su s’adapter à la mode abstraite de l’époque.

Peu de gens savent que les vitraux de Soulages à l’abbaye de Conques, ont remplacé les 104 pièces réalisées à partir de 1941 par Francis Chigot !

Ses réalisations ne sont pas toutes signées. Pour une série, une seule verrière portera l’inscription « F. Chigot », puis à partir de 1947, « F. et P. Chigot » suite à l’association avec son fils Pierre en 1947. Après 1958, la signature devient simplement « Chigot ».  Après sa mort en 1960, ses anciens collaborateurs et ouvriers ayant formé une SCOP, c’est « l‘Atelier du Vitrail » qui termine ses chantiers et continue à œuvrer dans les églises. C’est d’ailleurs cet atelier qui a réalisé les vitraux de l’église de Sous-Parsat d’après les cartons de Gabriel Chabrat.

 

(d’après les informations de Martine Tandeau de Marsac, petite-fille de Francis Chigot)

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